« Oannes d’une voix plaintive : - respecte-moi ! je suis le contemporain des origines. J’ai habité le monde informe où sommeillaient les bêtes hermaphrodites, sous le poids d’une atmosphère opaque, dans la profondeur des ondes ténébreuses, quand les doigts, les nageoires et les ailes étaient confondus, et que des yeux sans tête flottaient comme des mollusques, parmi des taureaux à face humaine et des serpents à pattes de chien. Moi, la première conscience du chaos, j’ai surgi de l’abîme pour durcir la matière, pour régler les formes. Depuis lors, je vis dans les étangs qui restent du déluge. Mais le désert s’agrandit autour d’eux, le vent y jette le sable, le soleil les dévore ; et je meurs sur ma couche de limon, en regardant les étoiles à travers l’eau. J’y retourne. Il saute et disparaît dans le Nil. »
« la tentation de saint-antoine » Gustave Flaubert 1874.
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