dimanche 4 septembre 2011

LE VENT NOUS EMPORTERA juillet 2011

"Dans ma nuit, si brève, hélas
Le vent a rendez-vous avec les feuilles.
Ma nuit si brève est remplie de l'angoisse dévastatrice
Ecoute! Entends-tu le souffle des ténèbres?
De ce bonheur, je me sens étranger.
Au désespoir je suis accoutumé.
Ecoute! Entends-tu le souffle des ténèbres?
Là, dans la nuit, quelque chose se passe
La lune est rouge et angoissée.
Et accrochés à ce toit
Qui risque de s'effondrer à tout moment,
Les nuages, comme une foule de pleureuses,
Attendent l'accouchement de la pluie,
Un instant, et puis rien.
Derrière cette fenêtre,
C'est la nuit qui tremble
Et c'est la terre qui s'arrête de tourner.
Derrière cette fenêtre, un inconnu s'inquiète
pour moi et toi.
Toi, toute verdoyante,
Pose tes mains - ces souvenirs ardents -
Sur mes mains amoureuses
Et confie tes lèvres, repues de la chaleur de la vie,
Aux caresses de mes lèvres amoureuses
Le vent nous emportera!
Le vent nous emportera! "

Forough Farrokhzad



«les membres de la victime sont dispersés ça et là ; tu reçois, ô fleuve de l’Hèbre, sa tête et sa lyre ; et alors, nouveau miracle, emportée au milieu du courant, sa lyre fait entendre je ne sais quels accords plaintifs ; sa langue privée de sentiment murmure une plaintive mélodie et les rives y répondent par des plaintifs échos.
Maintenant ces débris quittent le fleuve de la patrie pour la mer où il les a conduits ; elle les dépose à Méthymne, sur le rivage de Lesbos"

Ovide. extrait des Métamorphoses, XI, 45,-69. la mort d’Orphée.



voir dans "commentaires" les précisions sur le contenu de la vidéo.



« Ce mot de « carte » tombe bien, venant de charta : « papier ». Il y va soit d'un « petit carton rectangulaire dont l'une des faces porte une figure », d'une « représentation à échelle réduite de la surface totale ou partielle du globe terrestre » ou de « papiers établissant certains droits de la personne qui en est munie ».
Fernand Deligny. Carte prise et carte tracée. Editions L’Arachnéen

jeudi 21 juillet 2011

BRETON 21 juillet 2011



ma tombe, après la fermeture du cimetière, prend la forme d'une barque tenant bien la mer. il n'y a personne dans cette barque si ce n'est par instants, à travers les jalousies de la nuit, une femme aux bras levés, sorte de figure de proue à mon rêve, qui tient le ciel. ailleurs, dans une cour de ferme probablement, une femme jongle avec plusieurs boules de bleu de lessive qui brûlent en l'air comme des ongles. les ancres des sourcils des femmes, voilà où vous voulez en venir ! le jour n'a été qu'une longue fête sur la mer. que la grange monte ou descende, c'est l'affaire d'un saut dans la campagne. s'il pleut à la rigueur l'attente sera supportable dans cette maison sans toit vers laquelle nous nous dirigeons et qui est faite d'oiseaux multiformes et de grains ailés. la palissade qui l'entoure, loin de me distraire de ma rêverie, joint mal du côté de la mer, du côté du spectacle sentimental, la mer qui s'éloigne comme deux soeurs de charité.
ceci est l'histoire de la seconde soeur, de la boule bleue et d'un comparse qui apparaîtra toujours assez tôt. sur la barque molle du cimetière, s'ouvre lentement des fleurs, des étoiles. une voix dit : "êtes-vous prêts ?" et la barque s'élève sans bruit. elle glisse à faible hauteur au-dessus des terres labourées dont la chanson ne vous importe plus mais qui est très ancienne et s'enroule autour des châteaux forts. la barque dissipe les brouillards du soir dont les chevaux blancs regagnent seuls l'écurie dans la ferme tendue de nuit qui est toute l'attention dont on est incapable. une plante rouge descend d'un côté de la barque, comme une immense crinière de feu.
l'équipage invisible malmène fort les papilllons attardés et lorsque l'ascension des lumières, au coulant des branches, comme on pend dans les bois, vient briser les cailloux sur la route, seul un cantonnier qui passe pour fou se souvient d'avoir ramassé en levant la main un collier de diamantS plus lourd que les plus lourdes chaînes. cette barque où s'épuisent les satisfactions du jour, pour qui sait voir, est maintenant pareille à une traine toute blanche parce qu'elle passe au dessus d'un pont tordu par le vent. traine de poussière et de sable, les oiseaux te mordent et tu te détaches parfois pour découvrir un visage douloureusement beau, inoubliable comme les fonds de vase. est-il vrai que les jours d'orage tu te crispes dans la tourmente élégante des feuilles au point de me ravir le meilleur de moi-même ? la barque muette et longue comme l'oubli use l'air en faussant ses souffles et nous ne nous en apercevons pas.

jamais le feu ne s'est écarté de ce bord équivoque pour ensorceler les bagues de couleur. la quête de la mer se poursuit parmi les vagues d'encens. et si la volonté des hommes se fait alors, c'est bien par surprise je vous le jure, et les rochers les plus hauts n'y sont pour rien. la course aux étoiles s'accidente. la boule bleu a fait place à un anneau de même nature qui encercle toutes les femmes à la hauteur de la ceinture et les fait pâlir malheureusement.
...
TEXTE 14 DE POISSON SOLUBLE ANDRE BRETON 1924

mercredi 13 juillet 2011

TULLE 12 juillet 2011



LE VENT NOUS EMPORTERA ! باد ما را خواهد برد
LE VENT NOUS EMPORTERA ! باد ما را خواهد برد

mardi 28 juin 2011

mardi 10 mai 2011

mardi 5 avril 2011

AYVALIK JANVIER 2011

pour carole :


"Heureux celui qui peut se dire Turc !" Mustafa Kemal 1933


(suggestion : regarder les deux vidéos en même temps.)

jeudi 3 mars 2011

FILMS DE FAMILLE II Baptêmes Juillet 2009



"Et aussitôt Venise et Saint-marc qui n'étaient plus pour moi que ces images desséchées, minces, ces
images
purement visuelles, ces vues en lesquelles nous transformons les choses que nous avons vécues et
percues
à la fois avec tous nos sens et qui du même coup s'extériorisent si bien, se détachent si parfaitement
de nous,
se dépouillent si bien de nos vies que nous pouvons croire les avoir regardées seulement dans un
album
ou dans un musée, Venise et Saint marc, comme ces graines gelées pendant des années et qu'on
croyait inerte
et qui tout d'un coup exposées à des effluves humides se remettent à germer, se prolongèrent de
toutes les sensations
de chaleur, de lumière, de miroitement, de promenade sur mer dans le moyen âge que j'éprouvais en me faisant conduire tous les jours par la gondole sur les eaux printanières, dans le baptistère si frais où ma mère jetait un châle sur mes épaules. la place s'ajoute à l'église, le débarcadère à la place, le canal au débarcadère, et à ce que mes yeux voyaient tout le couloir de désirs, de sensations diverses, de vie au bout duquel et en profondeur nos yeux voient une image de la réalité."
Marcel Proust, brouillon pour Le Temps retrouvé (extrait de Proust et la photographie. La résurrection de Venise de Jean-François Chevrier)

"pauvre gosse, la vie va pas être facile pour elle maintenant, pensa-t-il au milieu des bulles vertes."
William Faulkner, Frankie et Johnny