radio france 1947
samedi 12 octobre 2013
dimanche 29 septembre 2013
HERBE
"pas d'autre issue que l'herbe. (...) L'herbe n'existe qu'entre les grands espaces cultivés. Elle comble les vides. Elle pousse entre, et parmi les autres choses. La fleur est belle, le chou est utile, le pavot rend fou. Mais l'herbe est débordement, c'est une leçon de morale."
Henry Miller, Hamlet, (extrait de Mille Plateaux de Gilles Deleuze et Félix Guattari.)
"plus encore, c'est la littérature américaine, et déjà anglaise, qui ont manifesté ce sens rhizomatique, on su se mouvoir entre les choses, instaurer une logique du ET, renverser l'ontologie, destituer le fondement, annuler fin et commencement. Ils ont su faire une pragmatique. c'est que le milieu n'est pas du tout une moyenne, c'est au contraire l'endroit où les choses prennent de la vitesse.
Entre les choses ne désigne pas une relation localisable qui va de l'une à l'autre et réciproquement, mais une direction perpendiculaire, un mouvement transversal qui les emporte l'une et l'autre, ruisseau sans début ni fin, qui ronge ses deux rives et prend dela vitesse au milieu."
Gilles Deleuze et Félix Guattari. Mille Plateaux. 1980
mercredi 7 août 2013
samedi 6 juillet 2013
dimanche 23 juin 2013
samedi 22 juin 2013
Saint-Salvadour juin 2013
Comment inventer un objet fascinant, un objet qui tienne l’homme en respect ?
Comment inventer une visualité qui s’adresserait, non pas à la curiosité du
visible, voire à son plaisir — mais à son seul désir, à la passion de son imminence
(mot qui, on le sait, se dit en latin præsentia), Comment donner à la croyance le
support visuel d’un désir de voir l’Absent ? C’est ce que les clercs et les artistes
religieux du Moyen Âge ont bien dû, à quelque moment, se demander. Et ils en
vinrent quelquefois à cette solution radicale, simple autant que risquée : inventer
un lieu, non pas creux tout bonnement, mais déserté. Suggérer au regard un lieu
où “Il” serait passé, où “Il” aurait habité — mais d’où, à présent, “Il” se serait de
toute évidence absenté. Un lieu vide, mais dont le vide aurait été converti en
marque d’une présence passée ou imminente. Un lieu porteur d’évidence, donc,
ou d’évidance, comme on voudra. Quelque chose évoquant un Saint des Saints.
Quelque chose que tenterait, à sa façon, toute visualité monochrome : se donner
comme l’évidence apparaissante de la couleur de l’ “évidance” »
extrait du site ouvrir le cinéma.org
sculpture d'Antoine Paucard. Saint-Salvadour en Corrèze
jeudi 30 mai 2013
visage dans les yeux mai 2013
"Puisant je ne sais quoi ; au fond de ses yeux jetant le panier tressé de mon désir, je n'ai pas obtenu le jappement de l'eau pure et profonde.
Main sur main, pesant la corde écailleuse, me déchirant les paumes, je n'ai levé pas même une goutte de l'eau pure et profonde :
ou que le panier fût lâchement tressé, ou la corde brève ; ou s'il n'y avait rien au fond.
Inabreuvé, toujours penché, j'ai vu, oh ! soudain, un visage : monstrueux comme chien de Fô au mufle rond aux yeux de boules.
Inabreuvé, je m'en suis allé ; sans colère ni rancune, mais anxieux de savoir d'où vient la fausse image et le mensonge :
De ses yeux ? - Des miens ?"
Victor Segalen. Stèles. 1912
mardi 7 mai 2013
dimanche 14 avril 2013
lundi 25 mars 2013
PARIS LOUVRE février 2013
Uccello, mon ami, ma chimère, tu vécus avec ce mythe de poils. L'ombre de cette grande main lunaire où tu imprimes les chimères de ton cerveau, n'arrivera jamais jusqu'à la végétation de ton oreille, qui tourne et fourmille à gauche avec tous les vents de ton coeur. A gauche les poils, Uccello, à gauche les rêves, à gauche les ongles, à gauchez le coeur. C'est à gauche que toutes les ombres s'ouvrent, des nefs, comme d'orifices humains. La tête couchée sur cette table où l'humanité toute entière chavire, que vois-tu autre chose que l'ombre immense d'un poil. D'un poil comme deux forêts, comme trois ongles, comme un herbage de cils, comme d'un rateau dans les herbes du ciel. Etranglé le monde, et suspendu, et éternellement vacillant sur les plaines de cette table plate où tu inclines ta tête lourde. Et auprès de toi quand tu interroge des faces, que vois-tu, qu'une circulation de rameaux, un treillage de veines, la trace minuscule d'une ride, le ramage d'une mer de cheveux. Tout est tournant, tout est vibratile, et que vaut l'oeil dépouillé de ses cils. Lave, lave les cils, Uccello, lave les lignes, lave la trace tremblante des poils et des rides sur ces visages pendus de morts qui te regardent comme des oeufs, et dans ta paume monstrueuse et pleine de lune comme d'un éclairage de fiel, voici encore la trace auguste de tes poils qui émergent avec leurs lignes fines comme les rêves dans ton cerveau de noyé. d'un poil à un autre, combien de secrets et combien de surfaces. Mais deux poils l'un à côté de l'autre, Uccello. La ligne idéale des poils intraduisiblement fine et deux fois répétée. Il y a des rides qui font le tour des faces et se prolongent jusque dans le cou, mais sous les cheveux aussi il y a des rides, Uccello. Aussi tu peux faire tout le tour de cet oeuf qui pend entre les pierres et les astres, et qui seul possède l'animation double des yeux.
Quand tu peignais tes deux amis et toi-même dans une toile bien appliquée, tu laissas sur la toile comme l'ombre d'un étrange coton, en quoi je discerne tes regrets et ta peine, Paolo Uccello, mal illuminé. Les rides, Paolo Uccello, sont des lacets, mais les cheveux sont des langues. dans un de tes tableaux, paolo uccello, j'ai vu la lumière d'une langue dans l'ombre phosphoreuse des dents. c'est par la langue que tu rejoins l'expression vivante dans les toiles inanimées. et c'est par là que je vis, uccello tout emmaillotté dans ta barbe, que tu m'avais à l'avance compris et défini. Bienheureux sois-tu, toi qui as eu la préoccupation rocheuse et terrienne de la profondeur. Tu vécus dans cette idée comme dans un poison animé. et dans les cercles de cette idée tu tournes éternellement et je te pourchasse à tâtons avec comme fil la lumière de cette langue qui m'appelle du fond d'une bouche miraculée. la préoccupation terrienne et rocheuse de la profondeur, moi qui manque de terre à tous les degrés. présumas-tu vraiment de ma descente en ce bas monde avec la bouche ouverte et l'esprit perpétuellement étonné. présumas-tu ces cris dans tous les sens du monde et de la langue, comme d'un fil éperdument dévidé. La longue patience des rides est ce qui te sauva d'une mort prématurée. Car, je le sais, tu étais né avec l'esprit aussi creux que moi-même, mais cet esprit, tu pus le fixer sur moins de choses encore que la trace et la naissance d'un cil. avec la distance d'un poil, tu te balances sur un abîme redoutable et dont tu es cependant à jamais séparé.
mais je bénis aussi, Uccello, petit garçon, petit oiseau, petite lumière déchirée, je bénis ton silence si bien planté. A part ces lignes que tu pousses de la tête comme une frondaison de messages, il ne reste de toi que le silence et le secret de ta robe fermée. deux ou trois signes dans l'air, quel est l'homme qui prétend vivre plus que ces trois signes, et auquel, le long des heures qui le couvrent, songerait-on à demander plus que le silence qui les précède ou qui les suit. je sens toutes les pierres du monde et le phosphore de l'étendue que mon passage entraîne, faire leur chemin à travers moi. Ils forment les mots d'une syllabe noire dans les pacages de mon cerveau. Toi, Uccello, tu apprends à n'être qu'une ligne et l'étage élevé d'un secret.
Antonin Artaud Uccello le poil. L'Art et la Mort 1927
mardi 26 février 2013
mardi 22 janvier 2013
mercredi 16 janvier 2013
PALAISEAU Janvier 2013
« LE LIEU. - il est
incontournable. Mais si vous désirez de profiter dans ce lieu qui
vous a été donné, réfléchissez que désormais tous les lieux du
monde se rencontrent, jusqu'aux espaces sidéraux. Ne projetez plus
dans l'ailleurs l'incontrôlable de votre lieu. Concevez l'étendue
et son mystère si abordable. Ne partez pas de votre rive comme
pour un voyage de découverte ou de conquête. Laissez faire au
voyage. Ou plutôt, partez de l'ailleurs et remontez ici, où
s'ouvrent votre maison et votre source. Circulez par l'imaginaire,
autant que par les moyens les plus rapides ou confortables de
locomotion. Plantez des espèces inconnues et faites se rejoindre les
montagnes. Descendez dans les volcans et les misères, visibles et
invisibles. Ne croyez pas à votre unicité, ni que votre fable
est la meilleure, ou plus haute votre parole. - Alors, tu en viendras
à ceci, qui est de très forte connaissance : que le lieu s'agrandit
de son centre irréductible, tout autant que de ses bordures
incalculables.
Mathieu Béluse, Traité du
Tout-monde, Livre II. »
dimanche 16 décembre 2012
Toy Viam décembre 2012
les premières fleurs , les fleurs du printemps - il y a longtemps que tu ne les vois plus -
les premières fleurs ont une odeur qu'on n'oublie pas - l'herbe des prés, dans la haie la rose sauvage -
un parfum de vent, de sève, de terre. Les premières fleurs t'ont ouvert le coeur, la première sève.
mais - l'as-tu respirée, l'odeur dans la forêt où la feuille retourne à la terre, la branche morte qui pourrit,
l'as-tu sentie, la vieille souche , ce parfum de novembre qui tient en lui tous les parfums de l'été,
l'odeur de la pomme et l'odeur du pommier, l'odeur de la mousse et du cerisier.
l'as-tu sentie ? lorsque déjà la gelée blanche a saisi les prés, après le premier gel,
l'as-tu sentie, la dernière rose ? la dernière mûre sur le roncier, l'as-tu goûtée ?
et dans ton coeur, sais-tu le goût, dis, tu le sais - la dernière tendresse...
la dernière rose. marcelle delpastre 1998
la dernière rose. marcelle delpastre 1998
dimanche 25 novembre 2012
dimanche 18 novembre 2012
lundi 25 juin 2012
jeudi 26 avril 2012
dimanche 18 mars 2012
dimanche 12 février 2012
Et maintenant
SEDIERES février 2012
dimanche 4 septembre 2011
LE VENT NOUS EMPORTERA juillet 2011
"Dans ma nuit, si brève, hélas
Le vent a rendez-vous avec les feuilles.
Ma nuit si brève est remplie de l'angoisse dévastatrice
Ecoute! Entends-tu le souffle des ténèbres?
De ce bonheur, je me sens étranger.
Au désespoir je suis accoutumé.
Ecoute! Entends-tu le souffle des ténèbres?
Là, dans la nuit, quelque chose se passe
La lune est rouge et angoissée.
Et accrochés à ce toit
Qui risque de s'effondrer à tout moment,
Les nuages, comme une foule de pleureuses,
Attendent l'accouchement de la pluie,
Un instant, et puis rien.
Derrière cette fenêtre,
C'est la nuit qui tremble
Et c'est la terre qui s'arrête de tourner.
Derrière cette fenêtre, un inconnu s'inquiète
pour moi et toi.
Toi, toute verdoyante,
Pose tes mains - ces souvenirs ardents -
Sur mes mains amoureuses
Et confie tes lèvres, repues de la chaleur de la vie,
Aux caresses de mes lèvres amoureuses
Le vent nous emportera!
Le vent nous emportera! "
Forough Farrokhzad
«les membres de la victime sont dispersés ça et là ; tu reçois, ô fleuve de l’Hèbre, sa tête et sa lyre ; et alors, nouveau miracle, emportée au milieu du courant, sa lyre fait entendre je ne sais quels accords plaintifs ; sa langue privée de sentiment murmure une plaintive mélodie et les rives y répondent par des plaintifs échos.
Maintenant ces débris quittent le fleuve de la patrie pour la mer où il les a conduits ; elle les dépose à Méthymne, sur le rivage de Lesbos"
voir dans "commentaires" les précisions sur le contenu de la vidéo.

Le vent a rendez-vous avec les feuilles.
Ma nuit si brève est remplie de l'angoisse dévastatrice
Ecoute! Entends-tu le souffle des ténèbres?
De ce bonheur, je me sens étranger.
Au désespoir je suis accoutumé.
Ecoute! Entends-tu le souffle des ténèbres?
Là, dans la nuit, quelque chose se passe
La lune est rouge et angoissée.
Et accrochés à ce toit
Qui risque de s'effondrer à tout moment,
Les nuages, comme une foule de pleureuses,
Attendent l'accouchement de la pluie,
Un instant, et puis rien.
Derrière cette fenêtre,
C'est la nuit qui tremble
Et c'est la terre qui s'arrête de tourner.
Derrière cette fenêtre, un inconnu s'inquiète
pour moi et toi.
Toi, toute verdoyante,
Pose tes mains - ces souvenirs ardents -
Sur mes mains amoureuses
Et confie tes lèvres, repues de la chaleur de la vie,
Aux caresses de mes lèvres amoureuses
Le vent nous emportera!
Le vent nous emportera! "
Forough Farrokhzad
«les membres de la victime sont dispersés ça et là ; tu reçois, ô fleuve de l’Hèbre, sa tête et sa lyre ; et alors, nouveau miracle, emportée au milieu du courant, sa lyre fait entendre je ne sais quels accords plaintifs ; sa langue privée de sentiment murmure une plaintive mélodie et les rives y répondent par des plaintifs échos.
Maintenant ces débris quittent le fleuve de la patrie pour la mer où il les a conduits ; elle les dépose à Méthymne, sur le rivage de Lesbos"
Ovide. extrait des Métamorphoses, XI, 45,-69. la mort d’Orphée.
voir dans "commentaires" les précisions sur le contenu de la vidéo.

« Ce mot de « carte » tombe bien, venant de charta : « papier ». Il y va soit d'un « petit carton rectangulaire dont l'une des faces porte une figure », d'une « représentation à échelle réduite de la surface totale ou partielle du globe terrestre » ou de « papiers établissant certains droits de la personne qui en est munie ».
Fernand Deligny. Carte prise et carte tracée. Editions L’Arachnéen
Libellés :
deligny,
forough farrokhzad,
issy-les-moulineaux,
mers-sur-indre
jeudi 21 juillet 2011
BRETON 21 juillet 2011

ma tombe, après la fermeture du cimetière, prend la forme d'une barque tenant bien la mer. il n'y a personne dans cette barque si ce n'est par instants, à travers les jalousies de la nuit, une femme aux bras levés, sorte de figure de proue à mon rêve, qui tient le ciel. ailleurs, dans une cour de ferme probablement, une femme jongle avec plusieurs boules de bleu de lessive qui brûlent en l'air comme des ongles. les ancres des sourcils des femmes, voilà où vous voulez en venir ! le jour n'a été qu'une longue fête sur la mer. que la grange monte ou descende, c'est l'affaire d'un saut dans la campagne. s'il pleut à la rigueur l'attente sera supportable dans cette maison sans toit vers laquelle nous nous dirigeons et qui est faite d'oiseaux multiformes et de grains ailés. la palissade qui l'entoure, loin de me distraire de ma rêverie, joint mal du côté de la mer, du côté du spectacle sentimental, la mer qui s'éloigne comme deux soeurs de charité.
ceci est l'histoire de la seconde soeur, de la boule bleue et d'un comparse qui apparaîtra toujours assez tôt. sur la barque molle du cimetière, s'ouvre lentement des fleurs, des étoiles. une voix dit : "êtes-vous prêts ?" et la barque s'élève sans bruit. elle glisse à faible hauteur au-dessus des terres labourées dont la chanson ne vous importe plus mais qui est très ancienne et s'enroule autour des châteaux forts. la barque dissipe les brouillards du soir dont les chevaux blancs regagnent seuls l'écurie dans la ferme tendue de nuit qui est toute l'attention dont on est incapable. une plante rouge descend d'un côté de la barque, comme une immense crinière de feu.
l'équipage invisible malmène fort les papilllons attardés et lorsque l'ascension des lumières, au coulant des branches, comme on pend dans les bois, vient briser les cailloux sur la route, seul un cantonnier qui passe pour fou se souvient d'avoir ramassé en levant la main un collier de diamantS plus lourd que les plus lourdes chaînes. cette barque où s'épuisent les satisfactions du jour, pour qui sait voir, est maintenant pareille à une traine toute blanche parce qu'elle passe au dessus d'un pont tordu par le vent. traine de poussière et de sable, les oiseaux te mordent et tu te détaches parfois pour découvrir un visage douloureusement beau, inoubliable comme les fonds de vase. est-il vrai que les jours d'orage tu te crispes dans la tourmente élégante des feuilles au point de me ravir le meilleur de moi-même ? la barque muette et longue comme l'oubli use l'air en faussant ses souffles et nous ne nous en apercevons pas.
jamais le feu ne s'est écarté de ce bord équivoque pour ensorceler les bagues de couleur. la quête de la mer se poursuit parmi les vagues d'encens. et si la volonté des hommes se fait alors, c'est bien par surprise je vous le jure, et les rochers les plus hauts n'y sont pour rien. la course aux étoiles s'accidente. la boule bleu a fait place à un anneau de même nature qui encercle toutes les femmes à la hauteur de la ceinture et les fait pâlir malheureusement.
...
TEXTE 14 DE POISSON SOLUBLE ANDRE BRETON 1924
mercredi 13 juillet 2011
TULLE 12 juillet 2011
LE VENT NOUS EMPORTERA ! باد ما را خواهد برد
LE VENT NOUS EMPORTERA ! باد ما را خواهد برد
mardi 28 juin 2011
lundi 6 juin 2011
mardi 10 mai 2011
mardi 5 avril 2011
AYVALIK JANVIER 2011
pour carole :
"Heureux celui qui peut se dire Turc !" Mustafa Kemal 1933
(suggestion : regarder les deux vidéos en même temps.)
"Heureux celui qui peut se dire Turc !" Mustafa Kemal 1933
(suggestion : regarder les deux vidéos en même temps.)
jeudi 3 mars 2011
FILMS DE FAMILLE II Baptêmes Juillet 2009
"Et aussitôt Venise et Saint-marc qui n'étaient plus pour moi que ces images desséchées, minces, ces
images
purement visuelles, ces vues en lesquelles nous transformons les choses que nous avons vécues et
percues
à la fois avec tous nos sens et qui du même coup s'extériorisent si bien, se détachent si parfaitement
de nous,
se dépouillent si bien de nos vies que nous pouvons croire les avoir regardées seulement dans un
album
ou dans un musée, Venise et Saint marc, comme ces graines gelées pendant des années et qu'on
croyait inerte
et qui tout d'un coup exposées à des effluves humides se remettent à germer, se prolongèrent de
toutes les sensations
de chaleur, de lumière, de miroitement, de promenade sur mer dans le moyen âge que j'éprouvais en me faisant conduire tous les jours par la gondole sur les eaux printanières, dans le baptistère si frais où ma mère jetait un châle sur mes épaules. la place s'ajoute à l'église, le débarcadère à la place, le canal au débarcadère, et à ce que mes yeux voyaient tout le couloir de désirs, de sensations diverses, de vie au bout duquel et en profondeur nos yeux voient une image de la réalité."
Marcel Proust, brouillon pour Le Temps retrouvé (extrait de Proust et la photographie. La résurrection de Venise de Jean-François Chevrier)images
purement visuelles, ces vues en lesquelles nous transformons les choses que nous avons vécues et
percues
à la fois avec tous nos sens et qui du même coup s'extériorisent si bien, se détachent si parfaitement
de nous,
se dépouillent si bien de nos vies que nous pouvons croire les avoir regardées seulement dans un
album
ou dans un musée, Venise et Saint marc, comme ces graines gelées pendant des années et qu'on
croyait inerte
et qui tout d'un coup exposées à des effluves humides se remettent à germer, se prolongèrent de
toutes les sensations
de chaleur, de lumière, de miroitement, de promenade sur mer dans le moyen âge que j'éprouvais en me faisant conduire tous les jours par la gondole sur les eaux printanières, dans le baptistère si frais où ma mère jetait un châle sur mes épaules. la place s'ajoute à l'église, le débarcadère à la place, le canal au débarcadère, et à ce que mes yeux voyaient tout le couloir de désirs, de sensations diverses, de vie au bout duquel et en profondeur nos yeux voient une image de la réalité."
"pauvre gosse, la vie va pas être facile pour elle maintenant, pensa-t-il au milieu des bulles vertes."
William Faulkner, Frankie et Johnny
vendredi 10 décembre 2010
vendredi 21 mai 2010
mercredi 19 mai 2010
« Oannes d’une voix plaintive : - respecte-moi ! je suis le contemporain des origines. J’ai habité le monde informe où sommeillaient les bêtes hermaphrodites, sous le poids d’une atmosphère opaque, dans la profondeur des ondes ténébreuses, quand les doigts, les nageoires et les ailes étaient confondus, et que des yeux sans tête flottaient comme des mollusques, parmi des taureaux à face humaine et des serpents à pattes de chien. Moi, la première conscience du chaos, j’ai surgi de l’abîme pour durcir la matière, pour régler les formes. Depuis lors, je vis dans les étangs qui restent du déluge. Mais le désert s’agrandit autour d’eux, le vent y jette le sable, le soleil les dévore ; et je meurs sur ma couche de limon, en regardant les étoiles à travers l’eau. J’y retourne. Il saute et disparaît dans le Nil. »
« la tentation de saint-antoine » Gustave Flaubert 1874.
« la tentation de saint-antoine » Gustave Flaubert 1874.
samedi 15 mai 2010
…« Tant pis ! vers le bonheur d’autres m’entraîneront
Par leur tresse nouée aux cornes de mon front :
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Chaque grenade éclate et d’abeilles murmure ;
Et notre sang, épris de qui va le saisir,
Coule pour tout l’essaim éternel du désir.
A l’heure où ce bois d’or et de cendre se teinte
Une fête s’exalte en la feuillée éteinte :
Etna ! c’est parmi toi visité de Vénus
Sur ta lave posant ses talons ingénus,
Quand tonne un somme triste ou s’épuise la flamme.
Je tiens la reine !
O sûr châtiment…
Non, mais l’âme
De paroles vacante et ce corps alourdi
Tard succombent au fier silence de midi :
Sans plus il faut dormir en l’oubli du blasphème,
Sur le sable altéré gisant et comme j’aime
Ouvrir ma bouche à l’astre efficace des vins !
Couple, adieu ; je vais voir l’ombre que tu devins. »
"l'après-midi d'un faune" Stéphane Mallarmé
Par leur tresse nouée aux cornes de mon front :
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Chaque grenade éclate et d’abeilles murmure ;
Et notre sang, épris de qui va le saisir,
Coule pour tout l’essaim éternel du désir.
A l’heure où ce bois d’or et de cendre se teinte
Une fête s’exalte en la feuillée éteinte :
Etna ! c’est parmi toi visité de Vénus
Sur ta lave posant ses talons ingénus,
Quand tonne un somme triste ou s’épuise la flamme.
Je tiens la reine !
O sûr châtiment…
Non, mais l’âme
De paroles vacante et ce corps alourdi
Tard succombent au fier silence de midi :
Sans plus il faut dormir en l’oubli du blasphème,
Sur le sable altéré gisant et comme j’aime
Ouvrir ma bouche à l’astre efficace des vins !
Couple, adieu ; je vais voir l’ombre que tu devins. »
"l'après-midi d'un faune" Stéphane Mallarmé
SAINT PABU 2004
lundi 10 mai 2010
mercredi 23 décembre 2009
KLASDORF 6 août 2009





« le plaisir du bois de pins. 7 août 1940. »
« parlons simplement : lorsqu’on pénètre dans un bois de pins, en été par grande chaleur, le plaisir qu’on éprouve ressemble beaucoup à celui que procurerait le petit salon de coiffure attenant à la salle de bains d’une sauvage mais noble créature. Brosserie odoriférante dans une atmosphère surchauffée et dans les vapeurs qui montent de la baignoire lacustre ou marine. Cieux comme des morceaux de miroirs à travers les brosses à longs manches fins tout ciselés de lichens. Odeur sui generis des cheveux, de leurs peignes et de leurs épingles. Transpiration naturelle et parfums hygiéniques mélangés. Laissées sur la tablette de la coiffeuse, de grosses pierres ornementales par-ci par-là, et dans les cintres ce pétillement animal, ce million d’étincelles animales, cette vibration musicale et chanteuse. »
« Variante.
Vers 3e : Du corps étincelant sorti de la baignoire
Vers 5e : rien ne reste… »
Francis Ponge. Extraits du " Carnet du bois de pins".
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