mardi 31 décembre 2013

Toy Viam 31 décembre 2013



"nous ne mourions pas tous. nous avions traversé, comme les peuples du monde, c'est-à-dire ceux-là qui ont eu la chance de passer à travers le tourment, ceux-là qui n'ont pas été impurement et pas si simplement effacés de la face sombre comme de la face ensoleillée de la terre, nous avons l'habitude, n'est-ce pas de ces traversées, de cela qui est océan furieux sur nos destins nos errances. et c'est pourquoi, oui, nous comprenons le chaos.
il y en a beaucoup, le sel de la Diversité, qui ont traversé les premiers, ils ont dépassé les limites et les frontières, ils mélangent les langages, ils déménagent les langues, ils transbahutent, ils tombent dans la folie du monde, on les traque du knout de l'identique, on les fouaille de la cravache de l'exclusif, on les refoule et les exclut de la puissance du Territoire mais écoutez, ils sont la terre elle-même qui jamais ne sera territoire, ils sont au devant de nous, leurs souffrances nous ouvrent des espaces nouveaux, ils sont les problèmes de la Relation, ils vivent ce tourbillon ils voient, loin devant, ce point fixe qu'il faudra dépasser une fois encore."

Cyrano de Bergerac : "y-a-t-il une Italie aussi au monde de la lune ?"

Edouard Glissant Tout-monde 1993

pour S* et A

mardi 26 novembre 2013

chacun voit midi à sa porte

film de fam III esquisse éclipse

dimanche 17 novembre 2013

samedi 12 octobre 2013

repère 3

radio france 1947

dimanche 29 septembre 2013

TOY VIAM 2 septembre 2013

?

HERBE

"pas d'autre issue que l'herbe. (...) L'herbe n'existe qu'entre les grands espaces cultivés. Elle comble les vides. Elle pousse entre, et parmi les autres choses. La fleur est belle, le chou est utile, le pavot rend fou. Mais l'herbe est débordement, c'est une leçon de morale."
Henry Miller, Hamlet, (extrait de Mille Plateaux de Gilles Deleuze et Félix Guattari.)

"plus encore, c'est la littérature américaine, et déjà anglaise, qui ont manifesté ce sens rhizomatique, on su se mouvoir entre les choses, instaurer une logique du ET, renverser l'ontologie, destituer le fondement, annuler fin et commencement. Ils ont su faire une pragmatique. c'est que le milieu n'est pas du tout une moyenne, c'est au contraire l'endroit où les choses prennent de la vitesse.
Entre les choses ne désigne pas une relation localisable qui va de l'une à l'autre et réciproquement, mais une direction perpendiculaire, un mouvement transversal qui les emporte l'une et l'autre, ruisseau sans début ni fin, qui ronge ses deux rives et prend dela vitesse au milieu."
Gilles Deleuze et Félix Guattari. Mille Plateaux. 1980

tourbière du longeyroux septembre 2013

longeyroux septembre2013



mercredi 7 août 2013

Toy viam juillet 2013


ground control to major tom

samedi 6 juillet 2013

samedi 22 juin 2013

LUBERSAC juin 2013

mon grand-père ?

Saint-Salvadour juin 2013

Comment inventer un objet fascinant, un objet qui tienne l’homme en respect ?
Comment inventer une visualité qui s’adresserait, non pas à la curiosité du
visible, voire à son plaisir — mais à son seul désir, à la passion de son imminence
(mot qui, on le sait, se dit en latin præsentia), Comment donner à la croyance le
support visuel d’un désir de voir l’Absent ? C’est ce que les clercs et les artistes
religieux du Moyen Âge ont bien dû, à quelque moment, se demander. Et ils en
vinrent quelquefois à cette solution radicale, simple autant que risquée : inventer
un lieu, non pas creux tout bonnement, mais déserté. Suggérer au regard un lieu
où “Il” serait passé, où “Il” aurait habité — mais d’où, à présent, “Il” se serait de
toute évidence absenté. Un lieu vide, mais dont le vide aurait été converti en
marque d’une présence passée ou imminente. Un lieu porteur d’évidence, donc,
ou d’évidance, comme on voudra. Quelque chose évoquant un Saint des Saints.
Quelque chose que tenterait, à sa façon, toute visualité monochrome : se donner
comme l’évidence apparaissante de la couleur de l’ “évidance” »

Georges Didi-Huberman,  
L’Homme qui marchait dans la couleur, 2001,
extrait du site ouvrir le cinéma.org














sculpture d'Antoine Paucard. Saint-Salvadour en Corrèze

jeudi 30 mai 2013

visage dans les yeux mai 2013

"Puisant je ne sais quoi ; au fond de ses yeux jetant le panier tressé de mon désir, je n'ai pas obtenu le jappement de l'eau pure et profonde.
Main sur main, pesant la corde écailleuse, me déchirant les paumes, je n'ai levé pas même une goutte de l'eau pure et profonde :
ou que le panier fût lâchement tressé, ou la corde brève ; ou s'il n'y avait rien au fond.

Inabreuvé, toujours penché, j'ai vu, oh ! soudain, un visage : monstrueux comme chien de Fô au mufle rond aux yeux de boules.
Inabreuvé, je m'en suis allé ; sans colère ni rancune, mais anxieux de savoir d'où vient la fausse image et le mensonge :
De ses yeux ? - Des miens ?"

Victor Segalen. Stèles. 1912

mardi 7 mai 2013

lundi 25 mars 2013

PARIS LOUVRE février 2013

Uccello, mon ami, ma chimère, tu vécus avec ce mythe de poils. L'ombre de cette grande main lunaire où tu imprimes les chimères de ton cerveau, n'arrivera jamais jusqu'à la végétation de ton oreille, qui tourne et fourmille à gauche avec tous les vents de ton coeur. A gauche les poils, Uccello, à gauche les rêves, à gauche les ongles, à gauchez le coeur. C'est à gauche que toutes les ombres s'ouvrent, des nefs, comme d'orifices humains. La tête couchée sur cette table où l'humanité toute entière chavire, que vois-tu autre chose que l'ombre immense d'un poil. D'un poil comme deux forêts, comme trois ongles, comme un herbage de cils, comme d'un rateau dans les herbes du ciel. Etranglé le monde, et suspendu, et éternellement vacillant sur les plaines de cette table plate où tu inclines ta tête lourde. Et auprès de toi quand tu interroge des faces, que vois-tu, qu'une circulation de rameaux, un treillage de veines, la trace minuscule d'une ride, le ramage d'une mer de cheveux. Tout est tournant, tout est vibratile, et que vaut l'oeil dépouillé de ses cils. Lave, lave les cils, Uccello, lave les lignes, lave la trace tremblante des poils et des rides sur ces visages pendus de morts qui te regardent comme des oeufs, et dans ta paume monstrueuse et pleine de lune comme d'un éclairage de fiel, voici encore la trace auguste de tes poils qui émergent avec leurs lignes fines comme les rêves dans ton cerveau de noyé. d'un poil à un autre, combien de secrets et combien de surfaces. Mais deux poils l'un à côté de l'autre, Uccello. La ligne idéale des poils intraduisiblement fine et deux fois répétée. Il y a des rides qui font le tour des faces et se prolongent jusque dans le cou, mais sous les cheveux aussi il y a des rides, Uccello. Aussi tu peux faire tout le tour de cet oeuf qui pend entre les pierres et les astres, et qui seul possède l'animation double des yeux.
Quand tu peignais tes deux amis et toi-même dans une toile bien appliquée, tu laissas sur la toile comme l'ombre d'un étrange coton, en quoi je discerne tes regrets et ta peine, Paolo Uccello, mal illuminé. Les rides, Paolo Uccello, sont des lacets, mais les cheveux sont des langues. dans un de tes tableaux, paolo uccello, j'ai vu la lumière d'une langue dans l'ombre phosphoreuse des dents. c'est par la langue que tu rejoins l'expression vivante dans les toiles inanimées. et c'est par là que je vis, uccello tout emmaillotté dans ta barbe, que tu m'avais à l'avance compris et défini. Bienheureux sois-tu, toi qui as eu la préoccupation rocheuse et terrienne de la profondeur. Tu vécus dans cette idée comme dans un poison animé. et dans les cercles de cette idée tu tournes éternellement et je te pourchasse à tâtons avec comme fil la lumière de cette langue qui m'appelle du fond d'une bouche miraculée. la préoccupation terrienne et rocheuse de la profondeur, moi qui manque de terre à tous les degrés. présumas-tu vraiment de ma descente en ce bas monde avec la bouche ouverte et l'esprit perpétuellement étonné. présumas-tu ces cris dans tous les sens du monde et de la langue, comme d'un fil éperdument dévidé. La longue patience des rides est ce qui te sauva d'une mort prématurée. Car, je le sais, tu étais né avec l'esprit aussi creux que moi-même, mais cet esprit, tu pus le fixer sur moins de choses encore que la trace et la naissance d'un cil. avec la distance d'un poil, tu te balances sur un abîme redoutable et dont tu es cependant à jamais séparé.
mais je bénis aussi, Uccello, petit garçon, petit oiseau, petite lumière déchirée, je bénis ton silence si bien planté. A part ces lignes que tu pousses de la tête comme une frondaison de messages, il ne reste de toi que le silence et le secret de ta robe fermée. deux ou trois signes dans l'air, quel est l'homme qui prétend vivre plus que ces trois signes, et auquel, le long des heures qui le couvrent, songerait-on à demander plus que le silence qui les précède ou qui les suit. je sens toutes les pierres du monde et le phosphore de l'étendue que mon passage entraîne, faire leur chemin à travers moi. Ils forment les mots d'une syllabe noire dans les pacages de mon cerveau. Toi, Uccello, tu apprends à n'être qu'une ligne et l'étage élevé d'un secret.

Antonin Artaud Uccello le poil. L'Art et la Mort 1927

mardi 26 février 2013

DANS MES REVES 23 février 2013


des deux, il est advenu un seul être, un seul lieu. 
en quelques plis bien établis.

mardi 22 janvier 2013

mercredi 16 janvier 2013

PALAISEAU Janvier 2013

« LE LIEU. - il est incontournable. Mais si vous désirez de profiter dans ce lieu qui vous a été donné, réfléchissez que désormais tous les lieux du monde se rencontrent, jusqu'aux espaces sidéraux. Ne projetez plus dans l'ailleurs l'incontrôlable de votre lieu. Concevez l'étendue et son mystère si abordable. Ne partez pas de votre rive comme pour un voyage de découverte ou de conquête. Laissez faire au voyage. Ou plutôt, partez de l'ailleurs et remontez ici, où s'ouvrent votre maison et votre source. Circulez par l'imaginaire, autant que par les moyens les plus rapides ou confortables de locomotion. Plantez des espèces inconnues et faites se rejoindre les montagnes. Descendez dans les volcans et les misères, visibles et invisibles. Ne croyez pas à votre unicité, ni que votre fable est la meilleure, ou plus haute votre parole. - Alors, tu en viendras à ceci, qui est de très forte connaissance : que le lieu s'agrandit de son centre irréductible, tout autant que de ses bordures incalculables.
Mathieu Béluse, Traité du Tout-monde, Livre II. »